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L’Hommage rendu par Noël DANIELE au nom des Anciens Razeteurs:

Monsieur le Maire,
Monsieur le Président de la F.F.C.C.,
Monsieur le Président des Anciens Razeteurs,
Mesdames, Messieurs de la Famille, chers amis afeciouna et razeteurs.

C’est avec une ferveur intense et toujours renouvelée, que nous voici à nouveau réunis razeteurs et afeciouna, afin d’honorer aujourd’hui le souvenir de l’un des nôtres, Norbert Geneste.

Norbert, issu d’une grande famille du village, demeure certes un personnage ayant illustré le paysage taurin local, mais également imprégné de par sa personnalité, le monde passionné de l’Afecioun, des deux côtés du Rhône.
Norbert avait su, grâce à un physique rare et beaucoup d’envie, se construire une carrière exceptionnelle, au travers d’un style particulier mais terriblement efficace, qui détonnait quelque peu avec les canons du classicisme taurin de l’époque.

À tous ceux qui jugent que les courses camarguaises manquent maintenant de diversité, et que « l’on voit toujours la même chose », je leur demanderai de se souvenir de Norbert.
Personnage atypique, aussi spontané qu’instinctif en piste, c’est bien à lui que l’on doit se référer, si l’on veut casser l’image de l’uniformité.

Norbert a commencé de raseter en 1960, sitôt son retour de l’armée (où il fut cité à l’ordre du régiment) et s’inscrit dès 1962, à la neuvième place du Trophée des AS.
C’était l’époque du fameux « Carré d’As », et il n’était alors pas très facile de se faire une place, au sein de la mémorable troupe des « tenues blanches ». Sa singularité, ainsi qu’un esprit indépendant et certaines facéties en piste, lui valurent quelques tensions et désagréments avec le grand organisateur des courses camarguaises de l’époque.
Toutes ces divergences devaient cependant s’aplanir, et Norbert aura plusieurs fois l’opportunité de figurer au sein l’équipe de ce prestigieux programmateur.

Curieux contre-pied de l’histoire, lorsque pour diverses raisons le célèbre « Carré d’As » se disloque, c’est Norbert, accompagné de Rinaldi, César, Marchand, Roger Pascal, Ruas, Albuisson et quelques autres, qui va prendre le relais de cette phalange glorieuse.
Bien qu’une opération au ménisque ait contrarié sa progression, son palmarès est suffisamment élogieux et éloquent pour comprendre qu’en dépit d’une certaine insouciance, il ne s’est pas contenté de musarder en piste.
Affrontant les plus grands cocardiers dans les plus grandes arènes, il triomphera au Tophée des AS en 1966 (Biòu d’Or Loustic) et en 1967 (Biòu d’Or Loustic et Cailaren), cumulant la même année avec la Cocarde d’Honneur.
À relever que lors de sa victoire en 1966, alors que Rinaldi avait dominé la compétition la majeure partie de la saison, Norbert totalisera entre le 18 août et le 19 octobre, 290 points en 20 courses, soit 131 de plus que son infortuné rival.

Parmi ses très grands succès, figurent également deux Palmes d’Or ainsi que deux places de troisième, deux Souvenirs François Canto, un Gland d’Or à Saint-Gilles plus une deuxième place derrière Roger César en 1966, un Muguet d’Or, deux Trophées Jacques Giraud à Mouriès et plusieurs victoires aux Finales des courses de Beaucaire, des Saintes-Maries-de-la-Mer et Châteaurenard.
Ne manque à cette prestigieuse énumération, qu’une victoire à la cocarde d’Or.
C’était pourtant une compétition qui, me semble-t-il, lui convenait parfaitement, mais il parait qu’il n’aimait pas trop la piste d’Arles… Il y terminera quand même deuxième en 1963 (Vainqueur Roger Pascal) et troisième en 1970.

Se succéderont à ses côtés comme tourneur Salvador Arias, Léo Dupont et Jeannot Cabanis, qui doivent être associés à ses victoires.
Alors que son parcours en piste semble quelque peu décliner, un taureau aussi fantasque que lui, GOYA, va relancer sa carrière. Ceci dure quelques courtes saisons et il raccroche en 1976.
Il embrasse alors pour le plaisir, avec Mario Volpellière et Joël Passemard, un rôle de tourneur dans lequel il excellera pareillement.

Malgré sa vélocité et sa détente, les blessures, lot incontournable de tout razeteur, ne l’ont pas épargné : Baron, Salinié, Racanel, Miraillette, Galoubet, Saint-Louis et surtout Montferrat, dont l’émotionnant instantané pris dans les arènes de Châteaurenard, figure au Panthéon des clichés photographiques de la Course Camarguaise.

J’ai récemment lu sur le site des « Anciens Razeteurs », qu’un jour il avait levé tous les glands de la course. C’est une information que j’avais donné à René Trouillet, lorsqu’il avait écrit son livre sur les vainqueurs du Trophée des As.
Cette course s’était déroulée en semaine lors de la fête du Cailar (1975 ?) et si nous « marchions » ensemble ce jour-là, je ne l’avais ni aidé ni empêché.
Mais il est vrai que pour empêcher Norbert…

Une autre anecdote peu banale, qui s’est déroulée le 5 avril 1968 à Châteaurenard.
Sur une fusée aussi soudaine qu’imprévue, le taureau Joli-Coeur de Fabre-Mailhan percute Norbert en pleine piste, celui-ci agrippe alors les deux cornes du taureau et se fait traîner jusqu’à la proximité des barrières où il doit lâcher prise. Aveuglé par la présence de l’homme plaqué devant ses yeux, le cocardier désorienté, percute alors le poteau de la contre-piste et s’écroule foudroyé sur le razeteur au sol.
Je vous laisse imaginer l’émotion en piste et sur les gradins !

Au terme d’une vie trépidante et imprévisible, la « pile électrique » qu’était Norbert, s’en est allée, brusquement, bien trop tôt, bien trop vite, le dimanche 26 octobre 1986.
Nous, ses compagnons et frères razeteurs, gardons de lui le souvenir d’un copain enjoué, spontané, affable, au grand cœur, et toujours présent lors d’un jubilé ou d’une course de bienfaisance.

Viviane, Florence, Corinne, frères, sœurs, parents et amis, la grande famille du « Club des Anciens Razeteurs » est très sincèrement fière et honorée, de pouvoir vous associer à l’hommage respectueux et amplement mérité, que nous rendons aujourd’hui, à la mémoire de ce grand raseteur que fut Norbert GENESTE.

Noël DANIELE – Marsillargues le 30 juillet 2020