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Hommage prononcé par Noël Daniele lors des obsèques de H. Otalora

C’était à Grammont, le 15 Février 2017

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Henry OTALORA
Andrée, Fabien,
Membres de la Famille,
Amis d’Henry, afeciouna ou non,
Tout d’abord permettez-moi, au nom de l’Association des Anciens Razeteurs, dont Henry était membre fondateur, de vous présenter les sincères condoléances de l’ensemble des sociétaires de notre Association ainsi que, j’en suis persuadé, celles des nombreux amateurs de courses de taureaux qui n’ont pu se déplacer aujourd’hui.
Je dois vous avouer qu’évoquer Henry aujourd’hui, c’est pour moi, remonter au plus lointain de mon enfance, car s’il résidait à Lunel, c’est à Marsillargues avec une bande de copains dont il était je crois le dernier de la bande, qu’Henry passait le plus clair de ses loisirs de jeune homme en compagnie de Minguet, Yoyo, Milou et mon frère Philippe, qui devait devenir son beau-frère.
Parler d’Henry, c’est aussi se replonger dans la bouillonnante et chaleureuse atmosphère, des courses du début des années cinquante. Les Trophées allaient voir le jour, les récompenses étaient rares, les arènes souvent embryonnaires et la sécurité rudimentaire.
Henry, afin de canaliser un trop plein d’énergie, s’était essayé au foot-ball et aux courses cyclistes, route et cyclo-cross, où il s’était comporté très honorablement, y glanant même quelques récompenses. Cette formation à n’en pas douter, lui aura servi dans ses dures années de piste. Mais les taureaux l’attirent davantage, et après une formation « sur le tas » en courses de nuit, il affronte encore novice ses premières « cornes nues », dès 1948 dans les plans de charrettes. Ses débuts officiels auront pour cadre les arènes de Calvisson en 1950, face au fameux « Pescalune » du jeune manadier Jean Lafont.
Dans ces années-là, les courses étaient bien moins nombreuses que de nos jours, se montaient parfois à l’emporte-pièce et se déroulaient dans des sites certes folkloriques mais souvent excentrés, et pour beaucoup, aujourd’hui oubliés. Cournonterral, Saint Privat le Vieux, Lézan, figurent à l’itinéraire des premières années de notre débutant qui, un jour, confondra Lunas et Junas !
Ces courses anonymes, fécondaient parfois quelques taureaux vicelards, qui n’étaient pas très commodes à travailler dans ces pistes très sommaires. De plus, les déplacements s’effectuaient pour la plupart à vélo, et le char des Sanjuan était souvent bien utile, pour le retour des hommes fatigués. Les compagnons de ces années de galère ont pour nom les frère Pierre et Philippe Daniele, Riquet Solbès, les frère Alcon, son cousin Guilhem, puis ensuite au fil des saisons Félix Castro, Espaze, Albuisson et Lansac. Charles Boniface le secondera et l’accompagnera un temps comme tourneur. Avec les années, les courses se codifient et les Trophées s’affirment. Bien qu’assez peu concerné, Henry se classe troisième au Trophée des razeteurs en 1957, ce qui lui donne le droit de concourir au Trophée des As l’année suivante.
Ce n’était certes pas l’époque où les récompenses fleurissaient chaque dimanche dans les pistes, aussi son palmarès ne s’est guère étoffé, comme pour beaucoup de ses compagnons. Cependant, Henry préférait parler d’une Cocarde d’Or en 1956, où il avait levé un gland au criminel « Cosaque », et de quelques batailles homériques face aux Kroumir, Santiago, Gandar ou Mounla, cocardiers de grande classe, sur lesquels il était parvenu à glaner quelques attributs. Il s’était confronté également avec bonheur, aux spectaculaires et agressives vaches cocardières Miraillette, Foraine, Magalie, Tortue, Mimosa, Marguerittoise, Sabatière et la Leuria, qui pour la fête du Cailar en 1960, lui abime salement le genou. Il abandonne la piste en 1962, après avoir cueilli un dernier attribut sur la tête du cocardier « Téflon » de Laurent.
Il officie ensuite quelques courses en tant que tourneur pour Jacky Galaud, mais le ressort est cassé et l’expérience tourne court
Quelques bousculades et accrochages, inévitables dans le jeu de la piste, jalonnent son parcours, mais c’est « Titus » de Lafont qui lui occasionne sa plus grave blessure à St Christol. Le coup était passé bien près ! La passion le tenaillant toujours autant, il officie de nombreuses années comme Délégué de courses, afin de rendre service au Club Taurin « La Sounaïa », dont il fut un membre très dévoué, pendant plus de cinq décennies. Flanqué de son ami Louis Dumazert, Henry approche alors les différentes générations de jeunes raseteurs-stagiaires, et sympathise amicalement avec les dirigeants des clubs taurins des villages avoisinants.
Je me garderais d’oublier sa vie professionnelle. Car si l’étiquette de « Bon vivant » peut volontiers lui être accolée, il était tout aussi sérieux dans son travail. Très tôt à l’ouvrage dans l’entreprise familiale, il montera avec réussite la sienne peu après.
Consacrant de longues années de labeur, l’artisan-maçon Henry Otalora, prendra une retraite bien méritée, selon la formule consacrée, mais fort justifiée  à son encontre, en 1991.
Voila Mesdames, Messieurs, quelques lignes de la vie bien remplie d’Henry qui, débutée le 6 juillet 1932, s’achève aujourd’hui.
Fidèles à son souvenir, nous lui adressons nos chaleureux adieux amicaux, et vous souhaitons, Andrée, Fabien, ainsi qu’à vos proches, tout le courage nécessaire, afin de surmonter désormais, cette douloureuse absence.

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